vendredi 14 juillet 2017

Où on va papa. Jean-Louis Fournier
Voilà une critique publiée dans Télérama,
juste histoire de me conforter...
"Le souffle coupé. On a d'abord le souffle coupé devant ce court récit où tant de tragédie se mêle à tant de drôlerie, tant de malheur, d'horreur à tant d'amour, de douceur. Jean-Louis Fournier a eu coup sur coup deux garçons handicapés à 80 %, voyant mal, entendant mal, parlant à peine, le corps inerte et mou, la tête « pleine de paille », dit-il simplement. Et le père effondré par tant d'espérances déçues, tant de douleurs peu à peu assumées, conte sans complaisance - juste avec cet humour désespéré et absurde qu'il a partagé avec son vieux complice Pierre Desproges - des bribes du quotidien de Mathieu, et de Thomas, le petit dernier qui ne sait que sans fin répéter : « Où on va, papa ? » Bien sûr, effrayé par tant de détresse, presque voyeur, on aimerait en savoir davantage. Plus de détails encore sur les deux pauvres garçons ; sur leur mère, qui a choisi soudain de les quitter ; sur leur petite soeur, Marie, elle tout à fait normale... Mais Jean-Louis Fournier refuse de tirer sur les ficelles du mélodrame. Il compose ses courtes scènes comme autant de poèmes en prose. Avec hauteur et proximité à la fois, tendresse et cruauté. Et l'on sort exsangue et émerveillé par la violence de son témoignage, sorte de prière laïque à la difficulté d'être au monde, ou de « tombeau » plus littéraire, plus classique, à toutes les victimes innocentes. On n'oubliera plus jamais Mathieu et Thomas."
Fabienne Pascaud
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Quatrième de couverture:
Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi? J'avais honte? Peur qu'on me plaigne?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible: "Qu'est-ce qu'ils font?"
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait: rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans de grosses voitures américaines.
Mon avis, je l'ai lu en une heure dans mon bain glacé des soirs d'été, décidément, quelle veine cette insuffisance circulatoire!!!
Pendant une heure j'ai pleuré et ri en alternance, voire en même temps, tout en ayant peur de réveiller toute la maison avec ces gloussements et ces sanglots incontrôlables. En une heure, j'avais terminé, épuisée, rincée!!!
Je crois que c'est René Char qui disait j'atteins ce matin le cristal de ma désespérance... Ce livre est un cristal magnifique d'humour noir et défensif!

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