vendredi 27 décembre 2019

« Dans la conversation ainsi que dans la danse, chacun est le miroir de l'autre. »
Alain

photo de moa

jeudi 26 décembre 2019

La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes.
- Khalil Gibran -
photo de moa

vendredi 20 décembre 2019

 CRITIQUE DE

LE BAVARD

LOUIS RENE DES FORETS

APOAPO dit : c'est un imposteur - dont "[la] revanche consistera à laisser toujours ignorer si [il] mentai[t] encore quand [il] prétendai[t] mentir" (p. 160, dernière) - qui parle de son besoin de parler. Il s'agit aussi du narrateur d'un monologue à la première personne qui prend toujours le lecteur comme interlocuteur direct, jusque dans la célèbre phrase d'excipit : "Allons, Messieurs, puisque je vous dis que je ne retiens plus personne !", pour ne rien dire du tout, c'est-à-dire pour coudre autour d'une trame dérisoire et peut-être charlatanesque, la description de sa pulsion compulsive vers l'oralité. Sous le déguisement d'un remède à des "crises" de manque de loquacité, cet anti-héros que son asociabilité rend besogneux du lecteur nous fait part en fait du fondement de la psychanalyse (la valeur thérapeutique de la parole) dont de nombreux lecteurs sauront bien reconnaître la généralité:
"Je parlais et c'était une sensation magnifique. Il me semblait qu'en faisant ainsi étalage de ce que j'osais tout juste m'avouer à moi-même, je me déchargeais d'un fardeau très lourd, que j'avais découvert enfin une méthode pour m'affranchir de certaines contraintes généralement reconnues nécessaires au bien public, propre à me redonner une légèreté que j'avais recherchée, mais jusqu'ici sans succès ; je me sentais délivré des tumultes malsains qu'on entretient soigneusement à l'abri des regards dans un monde clos et défendu ; les luttes, les fièvres, le désordre avaient cessé ; j'obtenais enfin un jour de sabbat ; [...] c'était un plaisir aussi bouleversant que la plus réussie des voluptés érotiques." (p. 62-63).
Vous l'aurez deviné : la caractéristique stylistique la plus marquante de ce superbe monologue, ce sont des phrases d'une longueur extraordinaire, que je ne croyais plus usitée depuis Proust. Je ne peux résister à la tentation de citer intégralement la plus longue en absolu, car elle me paraît à elle seule pouvoir tenir place de nouvelle:
"Eh bien, c'est au moment où je me représentais sans la moindre arrière-pensée tout ce qui existait, par-dessus la cécité stupide des autres, d'affinités secrètes entre cette femme et moi, où je m'enchantais de la trouver silencieuse, grave, attentive, quoique apparemment peu apte à pénétrer le sens lointain de certains de mes aveux en raison de son incapacité évidente à comprendre tous les termes d'une langue qu'elle connaissait mal, ce qui d'ailleurs m'épargnait de surveiller mes expressions et de passer sous silence certains détails un peu trop tristement révélateurs et préjudiciables à l'idée avantageuse que j'espérais bien qu'elle se ferait de moi, mais qu'en dépit de leur caractère scandaleusement intime la peur de rompre le fil de mon discours me poussait à exposer, c'est au moment où, persuadé de bonne foi qu'il venait de survenir dans mon existence, sous la forme d'une belle étrangère, un élément réel d'émotion et que notre complicité allait prendre - elle le prenait déjà avec une extraordinaire intensité - l'allure d'une expérience cruciale, tout m'invitait à croire que j'avais enfin réussi à passer d'une solitude froide et triste (le plus souvent elle n'était en réalité ni froide ni triste, elle ne me paraissait telle à cet instant que par contraste avec mon désir) à la bienfaisante chaleur d'une entente réciproque, c'est à ce moment-là, il m'en coûte de le dire, c'est exactement à ce moment-là que cette femme qui n'était somme toute qu'une putain comme les autres partit sous mon nez d'un brusque éclat de rire." (p. 70-72)
A quoi bon ?... à quel but narratif correspond donc cet ultime aveu - formulé dans les dix dernières pages, tout en faisant un clin d'oeil à une auto-référence qui n'était pas encore à la mode, et à un rapport narrateur-auteur qui l'était depuis Pirandello et Unamuno, que le narrateur-personnage est un imposteur ? Une façon de pied-de nez au lecteur, une façon de justifier que le Bavard puisse se taire en révélant son truc, une ultime justification morale : ces options sont toutes exprimées. de toute façon, le méta-bavardage est encore un bavardage : là est peut-être la leçon cruciale (que les critiques devraient bien retenir...)

jeudi 19 septembre 2019

" Et dans la forêt, je vais,
Je me perds et je trouve mon âme."

Ph. Tarkowski

photo de moa

samedi 31 août 2019

 "Rien n'est poison, tout est poison, seule la dose fait le poison..." (Paracelse)

jeudi 15 août 2019


  • “Il a été convenu que les femmes feraient semblant d'être faibles et timides et que les hommes feindraient d'être forts et courageux.” A Karr

samedi 10 août 2019

Murakami, les amants du Spoutnik



Chacun d'entre nous a connu un événement particulier destiné à se dérouler à une certaine période de son existence, et une seule fois, comme une petite flamme venue l'éclairer. Ceux qui sont attentifs et qui ont de la chance gardent précieusement ces moments en eux, les font grandir, les utilisent telles des torches pour illuminer leur vie tout entière. Mais, une fois perdue, cette flamme ne peut plus jamais être retrouvée.






Demain, un avion me ramènera à Tokyo. Les vacances d'été seront finies, et je me replongerai dans un quotidien qui se répétera sans fin. Là-bas se trouve ma place. Mon appartement, mon bureau, ma salle de classe, mes élèves m'attendent.
Des jours paisibles, des romans à lire, des aventures occasionnelles aussi.
Pourtant, je ne serai plus jamais le même. Mon entourage ne s'en rendra pas compte, parce que rien dans mon apparence n'aura changé. Mais quelque chose en moi aura disparu, se sera consumé. Du sang a été versé. Quelqu'un, quelque chose, a quitté l'intérieur de mon être. En baissant la tête, sans un mot. Une porte s'est ouverte, une porte s'est refermée. Une lumière s'est éteinte. Aujourd'hui, celui que j'étais vit son dernier jour. Il contemple son dernier crépuscule. Quand l'aube se lèvera, celui que je suis maintenant aura disparu et un autre habitera ce corps.
Murakami, les amants du Spoutnik

 Bien sûr, il n’était pas facile pour moi d’accepter qu’elle n’éprouvât presque aucun (pour ne pas dire aucun) intérêt pour moi en tant que représentant du sexe masculin. En sa présence, je ressentais parfois une souffrance aussi aigüe que si une lame de sabre avait pénétré dans mes chairs. Pourtant, en dépit de cette souffrance, les moments passés en sa compagnie étaient plus précieux que tout à mes yeux. C’était seulement auprès d’elle que je parvenais à oublier le sentiment de solitude inscrit en filigrane dans ma vie. Elle élargissait les limites du monde où je vivais, m’aidais à respirer plus profondément. Personne d’autre ne me faisait cet effet.

samedi 3 août 2019

Certains jours, j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine.

- Louis Aragon, Journal du surréalisme -

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lundi 22 juillet 2019

"La pastorale américaine", puissant est insuffisant, je n'est pas le recul ni le vocabulaire suffisant. Un livre monumental pour qui s'interroge sur le bien, le mal, l'autorité, les existences qui glissent, la générosité, l’égoïsme, l'éducation... En réalité on est loin de la religion et du couple mixtes qui ne sont que prétextes... L'ambivalence est le vrai sujet... Les messages paradoxaux des parents mais aussi de la société... Les apparences et l’intégrité... Je le relis bientôt très vite! E<t du coup, ma question récurrente, pourquoi Modiano plutôt que Roth?

Certains critiques disent que cette lecture a été une souffrance physique... Pour moi aussi, une claque, une boule au ventre, une tension, d'habitude Roth cause sexe et me fait rire. Là, je n'ai pas ri!

Philip Milton Roth, né le  à Newark dans le New Jersey et mort le 2 à New York1, est un écrivainaméricain, auteur d'un recueil de nouvelles et de 26 romans, dont plusieurs ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques.






jeudi 18 juillet 2019

«Contre la religion du profit, nous devons opposer la religion de la beauté, son pain vivant, son eau vive.»
Théodore Monod, anthropologue

lundi 15 juillet 2019

l est possible que le livre soit le dernier refuge de l'homme libre.
Si l'homme tourne décidément à l'automate, s'il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d'un écran, ce termite finira par ne plus lire.
Toutes sortes de machines y suppléeront : il se laissera manier l'esprit par un système de visions parlantes. La couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l'effort et l'attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l'imagination particulières ; tout y sera, moins l'esprit.
André Suarès.

vendredi 12 juillet 2019

mardi 18 juin 2019

"Chaque fois que j'entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n'entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s'en accommodent, que la colère du peuple n'ait pas encore brisé les fantoches, j'y vois la preuve que les hommes n'accordent aucune importance à leur gouvernement et qu'ils jouent, vraiment oui, qu'ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux".
Albert Camus, "Carnets" (1937)

lundi 17 juin 2019

"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion." ... pas faux monsieur Saint Augustin

jeudi 13 juin 2019

" A chaque effondrement des preuves le poète répond par une salve d'avenir. " René Char ( 1907-1988 ). Technique mixte - 104 cm X 68 cm - 1989. Michel James Cornudet ( 1932-1993 ).

dimanche 9 juin 2019

#RIP Michel Serres

« Le mariage gay et la Sainte Famille.

Cette question du mariage gay m’intéresse en raison de la réponse qu’y apporte la hiérarchie ecclésiale. Depuis le Ier siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c’est celui de l’Église, c’est la Sainte Famille.

Mais, examinons la Sainte Famille. Dans la Sainte Famille, le père n’est pas le père : Joseph n’est pas le père de Jésus, le fils n’est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph, lui, n’a jamais fait l’amour avec sa femme.

Quant à la mère, elle est bien la mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c’est ce que Lévi-Strauss appellerait la structure élémentaire de la parenté.

Une structure qui rompt complètement avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : la filiation naturelle, la reconnaissance de paternité et l’adoption. Dans la Sainte Famille, on fait l’impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la reconnaissance pour ne garder que l’adoption.

L’Église, donc, depuis l’Évangile selon saint Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire fondée sur l’adoption : il ne s’agit plus d’enfanter mais de se choisir.

À tel point que nous ne sommes parents, vous ne serez jamais parents, père et mère, que si vous dites à votre enfant “je t’ai choisi”, “je t’adopte car je t’aime”, “c’est toi que j’ai voulu”. Et réciproquement : l’enfant choisit aussi ses parents parce qu’il les aime.

De sorte que pour moi, la position de l’Église sur ce sujet du mariage homosexuel est parfaitement mystérieuse : ce problème est réglé depuis près de deux-mille ans. Je conseille à toute la hiérarchie catholique de relire l’Évangile selon saint Luc, ou de se convertir. »

#MichelSerres

samedi 8 juin 2019

Bien le Bonjour Amis Terriens !

"Quelquefois je me figure que les arbres murmurent, que les fleurs chuchotent, que les buissons fredonnent des mélodies mystérieuses et que les églantines, dans les crevasses derrière le pommier de ma grand-mère, font résonner des notes pures sur des instruments invisibles."

H. Mankell

lundi 13 mai 2019

"L’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même."
 Albert Camus, "La Peste" (1947)


vendredi 3 mai 2019

« L’errance n’est ni le voyage ni la promenade mais cette expérience du monde qui renvoie à une question essentielle : qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? » — Raymond Depardon

samedi 20 avril 2019

Notre-Dame

Ben moi je suis pour réparer culture et histoire... Il n empêche que je trouve ça pénible de voir des gens defiscaliser encore et encore, passer pour de nobles âmes et faire que cet argent defiscalisé ne tombe pas, une fois de plus, dans l'escarcelle qui finance les écoles de pauvres, les hôpitaux de pauvres, les MJC de pauvres et les bibliothèques de pauvres. Peut être que je me trompe d ennemis, de calculs, de Causes... MAIS JE CROIS COMPRENDRE que certaines personnes, souffrant de d autres lacunes, de certaines urgences, puissent péter les plombs... C est la culture qui fait notre société d aujourd hui, humaine et solidaire, mais je comprend qu on puisse l oublier quand, à chaud, des sommes colossales et inimaginables sont promise comme si il s agissait du sacrifice du salaire d une matinée.