samedi 21 mars 2020

« Il a été tiré de son sommeil – ça pouvait être la mi-nuit ou plus – par un grand cri qui est venu le toucher dans l’oreille comme une pierre :
— C’est Mamèche !
Sans voir la porte, en deux sauts, il a été dehors. Il avait encore les yeux collés de sommeil.
C’était bien la Mamèche. Elle était là-haut, sur le rempart avec du feu dans la main. Elle haussait la main et le feu. On la voyait tout entière. Elle avait mis sur la tête son fichu noir. La fumée du feu montait vers le nord.
— Que tu as ? crie Panturle de toutes ses forces.
— Rien.
— Malade ?
— Non.
— Alors ?…
Un moment sans répondre ; on dirait qu’elle prend des forces pour bien crier, bien dire.
Elle montre le sud avec son flambeau :
— Ça vient, ça vient !
Elle n’est pas un peu folle ? se demande Panturle.
Quand même il se retourne vers le sud, lui aussi. Ça a changé depuis la tombée du jour : une force souple et parfumée court dans la nuit. On dirait une jeune bête bien reposée. C’est tiède comme la vie sous le poil des bêtes, ça sent amer. Il renifle. Un peu comme l’aubépine. Ça vient du sud par bonds et on entend toute la terre qui en parle.
Le vent du printemps ! »
Jean Giono, "Regain"

dimanche 1 mars 2020

Antoine Volodine Frères sorcières


https://www.rythmes-croises.org/denis-frajerman-antoine-volodine-vociferations-cantopera/

via Wikipédia:

AliasManuela Draeger
Elli Kronauer
Lutz Bassmann
Naissance
Chalon-sur-SaôneDrapeau de la France France
Activité principaleRomancier
DistinctionsGrand prix de l'Imaginaire (1987)
Prix du Livre Inter (2000)
Prix Medicis (2014)

Après des études de lettres, Antoine Volodine enseigne le russe pendant quinze ans et se consacre à l'écriture et à la traduction à partir de 1987. Il commence à publier des romans dans la collection « Présence du futur » des éditions Denoël, tout en déclarant que ses livres n’appartiennent pas au registre de la science-fiction. Il publiera ensuite aux éditions de Minuit, puis chez Gallimard et au Seuil.
Dès ses premiers livres, il construit avec constance un édifice romanesque à plusieurs voix qu'il nomme « post-exotisme ». Il se place délibérément à l'écart des courants littéraires contemporains et se réclame à la fois du réalisme magique et d'une littérature internationaliste, engagée, où se croisent l'onirisme et la politique. Les thèmes de ses ouvrages sont marqués par une réflexion sur l'histoire du xxe siècle, sur les génocides et l'échec des révolutions. Dans un décor souvent ruiniforme ou carcéral, les personnages sont des rescapés hantés par le passé, cherchant à fuir leur misère affective en inventant des univers féeriques ou des espaces parallèles. Profondément attiré par les cultures asiatiques, et en particulier par le chamanisme et le bouddhisme, Antoine Volodine met volontiers en scène des hommes et des femmes qui errent dans le monde d'après la mort, dans le Bardo tibétain du Bardo Thödol, ou voyagent de rêve en rêve, à la recherche de l'âme sœur ou d'un territoire utopique.
L’originalité des écrits d’Antoine Volodine a souvent conduit la critique à le présenter comme inclassable. La catégorie littéraire nouvelle dont il se réclame, le « post-exotisme », permet toutefois d’aborder son œuvre sans se perdre dans des systèmes de classifications intenables. Ce terme, qui à l’origine se voulait une simple marque d’indépendance, correspond bien aujourd’hui à un projet concret : donner à lire « une littérature étrangère écrite en français », « une littérature de l’ailleurs qui va vers l’ailleurs ». Antoine Volodine a signé une quinzaine de livres et s’est présenté comme « porte-parole » du post-exotisme et de ses « divers » écrivains.