24 mars 1956 (Âge: 62 ans), Fort Meade, Maryland, États-Unis
jeudi 28 juin 2018
William Wray
24 mars 1956 (Âge: 62 ans), Fort Meade, Maryland, États-Unis
mardi 26 juin 2018
ACTE
III SCÈNE II.
JOCASTE,
seule.
Dureront-ils
toujours ces ennuis si funestes ?
N'épuiseront-ils
point les vengeances célestes ?
Me
feront-ils souffrir tant de cruels trépas,
Sans
jamais au tombeau précipiter mes pas ?
Ô
ciel ! que tes rigueurs seraient peu redoutables,
|
Si
la foudre d'abord accablait les coupables !
Et
que tes châtiments paraissent infinis,
Quand
tu laisses la vie à ceux que tu punis !
Tu
ne l'ignores pas, depuis le jour infâme,
Où
de mon propre fils je me trouvai la femme,
|
Le
moindre des tourments que mon coeur a soufferts,
Égale
tous les maux que l'on souffre aux Enfers :
Et
toutefois, ô Dieux, un crime involontaire
Devait-il
attirer toute votre colère ?
Le
connaissais-je, hélas ! ce fils infortuné ?
|
Vous-mêmes
dans mes bras vous l'avez amené.
C'est
vous dont la rigueur m'ouvrit ce précipice.
Voilà
de ces grands Dieux la suprême justice,
Jusques
au bord du crime ils conduisent nos pas,
Ils
nous le font commettre, et ne l'excusent pas.
|
Prennent-ils
donc plaisir à faire des coupables,
Afin
d'en faire après d'illustres misérables ?
Et
ne peuvent-ils point quand ils sont en courroux,
Chercher
des criminels à qui le crime est doux ?
Les Litanies de Satan
Charles
Baudelaire
Ô
toi, le plus savant et le plus beau des Anges,
Dieu trahi par le sort et privé de louanges,
Dieu trahi par le sort et privé de louanges,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Ô
Prince de l’exil, à qui l’on a fait tort,
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
Enseignes par l’amour le goût du Paradis,
Enseignes par l’amour le goût du Paradis,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Ô
toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante,
Engendras l’Espérance, — une folle charmante !
Engendras l’Espérance, — une folle charmante !
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d’un échafaud,
Qui damne tout un peuple autour d’un échafaud,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui sais en quels coins des terres envieuses
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
dont l’œil clair connaît les profonds arsenaux
Où dort enseveli le peuple des métaux,
Où dort enseveli le peuple des métaux,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices,
Au somnambule errant au bord des édifices,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui, magiquement, assouplis les vieux os
De l’ivrogne attardé foulé par les chevaux,
De l’ivrogne attardé foulé par les chevaux,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui, pour consoler l’homme frêle qui souffre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui poses ta marque, ô complice subtil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi
qui mets dans les yeux et dans le cœur des filles
Le culte de la plaie et l’amour des guenilles,
Le culte de la plaie et l’amour des guenilles,
Ô
Satan, prends pitié de ma longue misère !
« Ici j’ai erré enchanté
ici j’ai erré encerclé
par la meute des chiens du verbe à imprimer
ils rêvaient de becqueter ma hanche bleue
j’étais la seule fente
à travers laquelle l’avenir tombait
dans le seau de la Russie
Mon ivresse de moi-même
était une descente de gouttière pour le demain
pour le panier des larmes de demain
Au loin à la fenêtre des nuits se tenait personne
Ce qui m’a rongé et tourmenté - cela sera
Comme un chien sauvage
je cours sur le sentier sacré
parmi les géants des vieilles mers
en suivant les étoiles
éclairé par l’asile de nuit stellaire
Ô magnifiques bat-flanc noirs ! »
Et ceci aussi que l’auteur nomme et titre « Langue personnelle » :
« Pchi Pchi mekhro mero
Piooutcha !
Pliam bliam évo !
Zizogzagui
Zizoparole !
Ah ! Ouk ! »
Et encore cela, sans titre, en 1921 :
« Du haut de la verhaerène
volait une cognante
paroles d’azur-brûlant des silenciels
coulurants des torsadiels des soirs
Derrière le morcil de la pluie
la pensée du soir s’était drapée pour ne pas lire
Le languissier de la profondeur
glissait comme une polissonne par les lèvres du défilé
Toutes les sombremasses étaient en blanc ».
Autant de textes signés Vélimir Khlebnikov.
« C’est le plus grand »
Loin de Moscou, loin aussi des steppes kalmoukes de son enfance, Vélimir Khebnikov meurt à 37 ans le 28 mai 1922 dans le village de Santalovo dans les environs de Novgorod. En lui disparaît « le chevalier le plus magnifique et le plus probe dans notre combat poétique », écrira Maïakovski au lendemain de cette disparition. S’opposant aux symbolistes sans pour autant se cantonner dans le cubo-futurisme version russe, Khlebnikov trace un chemin bien à lui, explore la langue russe en scientifique autant qu’en poète tout en en explosant les frontières. C’est un inventeur, un découvreur, un chercheur, « le Christophe Colomb de nouveaux territoires poétiques », écrit encore Maïakovski, un « grand poète archaïque » et une « taupe » qui « a creusé dans la terre des galeries pour l’avenir, au-delà de son siècle », écrit pour sa part Ossip Mandelstam. Ami fidèle de Khlebnikov, le linguiste Roman Jakobson le portait aux nues : « c’est le plus grand ».
https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/100917/lisez-velimir-khlebnikov?
lundi 25 juin 2018
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