Thomas, jeune député curieux et constructif, entreprend un voyage d’étude en Rugénie. Réformé sous la houlette de l’économiste Stepan Gloss, ce pays est devenu la vitrine du meilleur des mondes possibles entre services privatisés, cités sans voitures et championnats de la Diversité. Une valise à roulettes en guise de bâton de pèlerin, Thomas s’enchante puis s’étonne devant les contradictions de ce décor idéal : où la pollution des villes est rejetée dans les banlieues ; où la campagne n’est plus qu’un décor vendu à la découpe ; où les vieux Rugènes et leurs habitudes s’opposent aux hipsters épris de tri sélectif… Un clin d’œil à Voltaire et à Orwell inspire cette fable de plus en plus grinçante : quand la déréglementation de l’économie va de pair avec l’hyperréglementation des libertés individuelles, et quand la guerre s’invite dans le jeu de la communication.
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Extrait:Je suis une fille des années soixante. Autant dire que j'ai connu un monde inconcevable pour la plupart d'entre vous. Le progrès, en ce temps-là, semblait une certitude, un mouvement général et irrésistible. Communistes, gauchistes ou capitalistes, tous imaginaient que les lendemains chanteraient, que les découvertes scientifiques et le développement sans fin apporteraient partout plus de richesses, de droits, de justice. Les désaccords ne portaient que sur la méthode : évolution, réforme ou révolution ; mais tous étaient persuadés que les changements rendraient la vie meilleure, tandis que la maîtrise des ressources et des connaissances ouvrirait des perspectives infinies au-delà même de la terre et du système solaire.
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Extrait: